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Ce fut la surprise, effectivement.
Non pas que Sophie Héguy ne nous paraissait pas à même de produire une exposition superbe. Nous attendions le château de Versailles, Sofija nous offrit la muraille de Chine.
D'emblée le travail, énorme, minutieux, affectueux, sensible, saisit le spectateur. Ensuite, par vagues successives, l'effet des oeuvres se construit dans nos esprits charmés, presque hébétés. C'est un flot, une mer en mouvement, un ressac incessant de réflexions, d'étonnements, d'émotions.
Qu'est-ce qu'un visage? Qu'est-ce qu'une personne? Qu'est-ce qui nous lie à notre
époque? Qu'est-ce que l'art?
Et si tout n'était qu'apparence, et si finalement ne comptait que le regard des autres, et s'il suffisait de voir en l'autre (et en soi
) une reine, un roi, un prince, pour qu'aussitôt il le devienne?
Sofija répond à toutes ces questions et à bien d'autres encore, de manière magnifiquement précise, à la pointe de son (ses) crayon. Et pourtant c'est un murmure qui vient jusqu'à nous, un encouragement paisible à répondre par nous-mêmes.
Ces magnifiques portraits de Sofija
n'ont pas pour résultat de flatter les "ego"* des figures représentées, tout un chacun, heureux élu ou pas de cette fantastique galerie de portraits, a pû s'imprégner tout au long de la soirée de la joyeuse affection nimbant ces oeuvres rares.
Par cette exposition à l'ESB, Sofija fait une irruption fracassante dans l'art contemporain. D'un petit saut de côté elle évite les ornières dans lesquelles se débattent bon nombre d'artistes contemporains. Pas de créneau à occuper, pas de tour de passe-passe, pas de pari sur l'avenir. Elle ouvre la porte qu'elle a créée elle-même, avec ses crayons, ses photocopies, ses verres et cadres. Elle offre son talent, sa sensibilité plastique, son amour des autres avec la solennité discrète d'une artiste authentique.
On attendra la prochaine exposition de Sofija avec impatience.
Ph.Amador
*(Dans ce cas précis on peut aussi dire: un "ego"- des "Héguy") |
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